Le courage : fil rouge de la grande conférence des UE 2023

Cette année la grande conférence de clôture des Universités d’été portait sur le courage, ce choix n’est pas anodin dans un contexte aux multiples bouleversements pour la profession. Quels enseignements transmis par nos speakers sont transposables dans le quotidien des professionnels du chiffre ?

Cynthia Fleury, philosophe, psychanalyste, professeure, autrice et conférencière, évoque une « intelligence de situation ». Elle définit comme courage, la capacité d’une personne à se battre pour ce en quoi elle croit. En s’inspirant des mots de Jankélévitch, le courage devient la capacité à se mettre en action, à ne pas renoncer à un combat ou à des convictions sous peine de « mettre en danger » qui l’on est. Tout en affirmant avec force ce point de vue, elle tempère son propos en évoquant les risques à s’écarter de « soi » si l’on néglige un des 3 angles au fondement de la personnalité : « la réflexion doit avoir lieu sur 3 niveaux : ses valeurs, sa communauté, son avenir ». Ainsi, le courage s’incarnera parfois par la force de persévérer, et parfois par la capacité à renoncer. La philosophe reprend ici le propos de Marc-Aurèle « Que la force me soit donnée de supporter ce qui ne peut être changé et le courage de changer ce qui peut l’être, mais aussi la sagesse de distinguer l’un de l’autre. »

Sportive de haut niveau, Stéphanie Gicquel est revenue avec nous sur la réalisation de son « rêve complètement fou », la traversée de l’Antarctique sur plus de 2 000 km.

Cette exploratrice de l’extrême, devenue entrepreneure et autrice, définit le courage autour de la notion de défi, « c’est là qu’on en apprend beaucoup, il ne faut jamais lâcher pour atteindre ses limites ». Pour elle, le courage s’incarne dans le dépassement de soi et de ses peurs, il s’agit d’accepter de faire face à l’inconnu et se mettre en danger.

Au-delà de l’apparent courage dont il faut faire preuve pour entreprendre une expédition comme celle de la traversée de l’Antarctique, elle note surtout que des conditions aussi extrêmes font appel à l’instinct de survie plutôt qu’au courage lui-même, « ce n’est ni une question de courage, ni de persévérance, mais simplement un instinct de survie qui s’anime. »

Pour Stéphanie Gicquel, « la vie est courte et on peut la perdre du jour au lendemain », le courage se manifeste dans la volonté de vivre la vie que l’on a toujours souhaitée. Finalement le courage ne serait-il pas la liberté d’être et de choisir ? : « déplaire à quelques-uns ne nous fait pas perdre la vie, mais perdre sa liberté, c’est perdre la vie. Alors, n’ayez pas peur d’être libres. »

Une jeunesse difficile emplie d’embûches, un confort sommaire pendant des années, Patrick Bourdet, c’est la lutte pour la vie. Aujourd’hui président d’Olivaie Consulting, ex-président d’Areva Med, son témoignage poignant a ému nombre de participants. Malgré une enfance marquée par l’assistance publique, il ne fait pourtant pas référence à ses années difficiles lorsqu’il mentionne le courage. Comme Stéphanie Gicquel, il évoque la mobilisation d’instinct de survie très puissant, son désir de vie a toujours été immense : « À certains moments, je n’avais pas le choix. Ce n’était pas du courage, c’était de la sur- vie. »

En grand optimiste, son partage, loin de glisser dans le pathos, nous invite à la gratitude. « Le meilleur moyen de nous rendre malheureux, c’est de donner au passé plus d’importance qu’il n’en a et au futur une signification plus obscure qu’il ne le sera ». Sa perception du courage in- vite finalement à l’introspection, « le courage n’existe pas en tant que tel, il est lié à qui nous sommes. Je peux vous dire ce qu’est le courage pour moi mais je ne peux pas dire ce qu’est le courage pour vous. Le courage se manifeste quand on a un choix à opérer. »