Université d’été 2020 – Ca ira mieux demain ? Retour sur la plénière de clôture
Dès janvier, nous avions prévu que la grande conférence des Universités d’été fasse écho à celle de l’année précédente – « C’était mieux avant ? » – en s’interrogeant cette fois sur l’avenir.
Un questionnement qui a pris encore plus de sens et d’intensité au cœur de la crise que nous traversons. Quelle médecine, quel rapport au travail, quelle ville, quel métier… nous attendent demain ?
Ce sont ainsi 4 intervenantes et 2 intervenants qui sont venus partager leur vision.
Intervention de Jean-Vincent Placé
Homme politique désormais engagé dans le conseil aux entreprises, Jean-Vincent Placé est revenu sur les récents événements sociaux, en décrivant « un climat anxiogène lié à l’aspect sanitaire et aux conditions économiques et sociales ».
Évoquant le dérèglement climatique, l’explosion démographique et l’épuisement des ressources naturelles, l’ancien ministre a dressé un état des lieux a priori alarmant, mais non sans ouvrir des perspectives optimistes.
À l’instar du plan de relance du gouvernement français, c’est selon lui la société qui doit se mobiliser pour changer le cours des choses.
Intervention d'Agnès Verdier-Molinié
À la question « Est-ce que ça ira mieux demain ? », Agnès Verdier-Molinié répond en somme « Oui, à condition d’avoir le courage d’entreprendre les réformes nécessaires pour permettre à la France de se relever. »
Remettant en question le plan de relance de l’État, elle propose une approche qui se veut constructive. « La France doit observer et s’inspirer de ce qui fonctionne ailleurs » notamment en ce qui concerne l’épargne des Français dans les entreprises, le vote d’une règle de frein à l’endettement dans la constitution, ou encore l’âge de départ à la retraite.
Elle remet également en cause le temps de travail hebdomadaire pour laisser place à un système annuel permettant selon elle de gagner en lisibilité et en simplicité. Elle propose également de décentraliser l’éducation et la santé, de repenser le mode de financement des syndicats et de réunir les travailleurs du public et du privé sous un statut commun.
À terme, ces mesures permettraient « d’assainir les comptes, de baisser le chômage et la dette tout en donnant à chacun plus de liberté et la perspective d’un meilleur avenir ».
Intervention de Cécile Monteil
Cécile Monteil, médecin et fondatrice d’Eppocrate, une application de référence médicale mobile, est venue témoigner de son expérience et s’interroge sur l’avenir de la médecine dans ce contexte de transformations digitales et numériques.
Elle évoque avec confiance la simplification du traitement des données permis par les objets connectés. Selon elle ils permettront également une meilleure compréhension des symptômes pour les patients.
Menant son intervention avec nuance face aux méfiances et au scepticisme de certains détracteurs du digital, elle ajoute que « la technologie n’a jamais été [un] problème, elle est là depuis le début de l’humanité. Le problème c’est la façon dont l’Homme l’utilise ».
Néanmoins, Cécile Monteil insiste sur l’importance de l’Homme car si la technologie permet d’avoir accès à la donnée, l’humain seul peut accompagner le patient.
Intervention de Céline Laisney
Parmi les questions récurrentes liées à l’épuisement des ressources naturelles, la manière dont l’humain pourra se nourrir est centrale. Pourra-t-on manger demain avec la même diversité qu’aujourd’hui ? « Est-ce la fin des haricots ou au contraire allons-nous trouver le haricot magique ? » Ce sont les questions auxquelles Cécile Laisney a tenté de répondre.
Au regard des prévisions démographiques, l’alimentation est un sujet qui inquiète la sphère scientifique et les prospectivistes. Si la culture de nouvelles terres et l’augmentation conséquente des rendements ont jusqu’ici permis de nourrir les populations, se pose aujourd’hui la question du dérèglement climatique qui les affecte considérablement.
Céline Laisney nous rassure sur le fait qu’aujourd’hui la planète a la capacité de nourrir 10 milliards d’habitants, mais elle soulève le problème des inégalités de répartition à travers les continents.
Pour répondre à cela, elle évoque un certain nombre de leviers tels que l’adaptation des comportements alimentaires, le lien entre l’alimentation et la santé, mais également la réduction du gaspillage.
Elle attire notre attention sur le fait qu’ »entre un tiers et la moitié de ce qui est récolté n’arrive pas dans les assiettes », laissant entrevoir qu’une prise de conscience collective sur les modes de consommation pourrait amorcer le changement.
Intervention d'Anaïs Georgelin
C’est par le biais d’une rétrospective qu’Anaïs Georgelin nous a plongé dans son univers et sa jeune carrière, en évoquant notamment son burn-out.
Son récit nous amène à nous questionner sur la place du travail dans nos vies, son sens, sa capacité à nous enthousiasmer ou à nous abîmer, et sur ce qu’il dit de notre société et de notre humanité.
Elle évoque la manière dont la crise du coronavirus a joué le rôle d’ »une loupe grossissante » sur le travail, mettant en lumière comme des métiers peuvent être survalorisés et comme d’autres ont démontré leur impérieuse nécessité.
Elle a proposé ensuite une projection dans le monde du travail en 2030, où « le covid ne serait plus qu’un lointain souvenir qui a fait changer les choses dans le bon sens ». Un monde où nos modes de travail auraient évolué sans révolution, où les entreprises et les dirigeants seraient humanistes, où l’authenticité et l’aspect émotionnel prévaleraient, et où l’ère de la congruence serait la norme.
Car selon elle, « l’Homme a avant tout besoin de créer, de se relier et de contribuer. »
Intervention de Philippe Barré
Lors de la plénière de clôture des Universités d’été 2019, Philippe Barré avait retracé avec brio ce qu’était la profession comptable il y a 20 ans. Cette année, il est revenu sur le devant de la scène pour présenter avec humour ce qu’elle pourrait être en 2037.
Avec un point de départ clair et indiscutable : la généralisation de la facture électronique est le fer de lance de la révolution digitale qui touche aujourd’hui la profession comptable. En découlera une série de profondes transformations pour notre société en général, et pour le métier d’expert-comptable en particulier.
Selon lui, dans un futur proche, l’argent liquide n’existera plus, la monnaie virtuelle deviendra la norme, les assistants virtuels interconnectés nous feront gagner un temps précieux dans la gestion de notre quotidien…
Dans ce contexte, il augure qu’à l’horizon 2030, la déclaration de TVA et la déclaration fiscale seront amenées à disparaître, la tenue comptable sera automatisée et assurée par l’État lui-même. « Le métier d’expert-comptable changera radicalement vers des fonctions support et de conseil qui représenteront 70% de l’activité de la profession comptable. »
Il estime donc vital, pour les cabinets comptables, d’anticiper dès aujourd’hui cette révolution digitale en « investissant dans les nouveaux outils proposés […] et en formant massivement les collaborateurs […] ». Car en fait, selon lui, ce « qui tuera cette profession, ce n’est pas l’automatisation, c’est son immobilisme. »