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Défaillances d’entreprises : comprendre ce boom inédit

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Une augmentation chiffrée des défaillances d’entreprises

Les données publiées par les administrateurs et man­dataires judiciaires (CNAJMJ) sont sans appel : selon eux, en 2024, le nombre de défaillances a bondi de 18 % au cours des six premiers mois par rapport à l’année précédente. Le deuxième trimestre 2024 a vu 15 980 entreprises faire défaut, et entre juillet et septembre, ce chiffre a encore grimpé, atteignant 13 400 défaillances, soit une hausse de 20 % par rap­port à 2023. Ces chiffres marquent également un re­tour à une situation plus normative avec 2019, après une période de soutien exceptionnel pendant la crise sanitaire.

Contexte économique : inflation, baisse de consommation et fin des aides

L’inflation annuelle, qui s’élève à +4.9 %, après +5.2 % en 20231, continue de peser sur la rentabilité des en­treprises, tout comme l’augmentation des coûts des matières premières et de l’énergie, conséquences de la guerre en Ukraine. En parallèle, la consommation reste globalement en baisse, réduisant les marges des entreprises.

Si la crise sanitaire a apporté son lot de défis, elle a également permis de maintenir une partie de l’éco­nomie à flot grâce aux aides publiques comme les prêts garantis par l’État (PGE). Cependant, une fois ces aides réduites et la période de grâce terminée, de nombreuses entreprises se retrouvent confrontées à des difficultés à honorer leurs dettes.

Les TPE en difficulté

Les TPE restent les plus vulnérables face à cette vague de défaillances : selon une étude du cabinet Altares, 86 % des entreprises défaillantes comptent moins de cinq salariés au trimestre 2024, ce qui donne le ton de la tendance globale. Ces structures, souvent sans employés ou avec un personnel réduit, ont été les premières à subir la crise sanitaire et les fermetures forcées.

En parallèle, le nombre de créations d’entreprises a explosé pendant et après la pandémie, notamment en raison de la digitalisation accélérée et des reconver­sions professionnelles.

En effet, depuis 2020, selon l’INSEE, la France a ob­servé une dynamique soutenue dans la création d’en­treprises, avec des chiffres records chaque année. En 2022, un nouveau record a été établi avec 1 062 000 créations d’entreprises, poursuivant la tendance haussière des années précédentes. En 2023, sur les 1 051 500 entreprises créées, 99,6 % du total étaient des entreprises individuelles. Beaucoup de ces nou­velles entreprises, créées sans fonds propres solides, n’ont pas survécu aux aléas économiques post-crise.

Les procédures préventives en hausse

Face à cette montée des défaillances, les procédures préventives comme le mandat ad hoc et la concilia­tion connaissent également une hausse significative. En 2024, les désignations de mandataires ad hoc ont augmenté de 12 % par rapport à l’année précédente, tandis que les procédures de conciliation ont bondi de 27 %. “À Paris, les recours à des procédures pré­ventives ont doublé par rapport à 2019, avant la crise sanitaire”, ajoute Christine Mariette. Cette hausse montre une volonté accrue de prévenir la défaillance avant qu’elle ne survienne.

Les chefs d’entreprise, bien mieux informés au­jourd’hui sur les procédures amiables, sont de plus en plus enclins à recourir aux mécanismes de prévention, conseillés par leurs experts-comptables. Ces procé­dures permettent de gérer des situations délicates de manière confidentielle, tout en laissant le temps nécessaire pour trouver des solutions. De plus, la fin des aides publiques, notamment des PGE, oblige de nombreuses entreprises à se tourner vers des solu­tions internes pour redresser leur situation financière. “À Paris, le taux de réussite des procédures préven­tives a atteint 70 % en 2023. Les échecs de négocia­tions avec les créanciers proviennent davantage des difficultés plus importantes qu’anticipées par le diri­geant de l’entreprise au moment de l’ouverture de la procédure”, commente Christine Mariette.

Cette hausse des défaillances est un retour à une lo­gique de marché plus normal après les années de crise sanitaire. En 2018, environ 60 000 entreprises avaient fait défaut, un chiffre proche de celui de 2023, marquant ainsi un ajustement du marché après une période de soutien exceptionnel.

Le remboursement du Prêt Garanti par l’État (PGE)

Le PGE, mis en place en 2020, a permis à plus de 700 000 entreprises de bénéficier de prêts ex­ceptionnels, pour un total de 150 milliards d’euros. Selon la Banque de France2, à la fin du premier semestre 2024, environ 62 % des montants octroyés dans ce cadre avaient été remboursés. Ce pourcentage est cohérent avec les données de Bpifrance, qui indiquent que sur les 143 milliards d’euros de PGE accordés, une proportion similaire a été remboursée à cette date.

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