Difficile par les temps qui courent de rester optimiste lorsqu’on est à la tête d’un « très petit cabinet » ou d’un « petit et moyen cabinet » pour reprendre la classification utilisée pour les entreprises. Rapprochement, cession et regroupement de cabinets font dire à certains que commence « l’inéluctable concentration du secteur »… Tandis que d’autres voient dans l’automatisation de notre coeur de métier la prochaine disparition de notre profession. Et d’en conclure « qu’il sera difficile pour un cabinet individuel de rester seul ». Et pourtant…
Annoncer la fin de l’exercice libéral indépendant et la concentration du secteur, c’est en réalité faire preuve d’une grande méconnaissance de notre profession, et des femmes et des hommes qui la composent.
L’investissement financier nécessaire à l‘adaptation de nos cabinets en terme d’infrastructure et de logiciel est à la portée de tous les cabinets. Avec les services en ligne et l’hébergement des applications, il n’a même jamais coûté aussi peu, comparé aux efforts qu’il fallait auparavant supporter en serveurs, licences et postes de travail. Finalement, le principal effort, c’est celui de la formation et du management du changement. Mais des offres plus que compétitives sont accessibles à tous (Performance Academy et « e-coll, de la production à l’accompagnement des clients », lancées par l’Ordre francilien en septembre 2017 en sont de bons exemples). Sur ces sujets, la profession ayant depuis longtemps compris que la formation est un investissement et non une dépense, nulle inquiétude à avoir !
En termes d’offres de services, la cotraitance se développe et il est devenu fréquent de répondre aux besoins de nos clients en faisant appel à des consoeurs et confrères extérieurs au cabinet. Voilà une solution efficace pour élargir sa palette de compétences pour un petit cabinet ! Afin de soutenir et favoriser ces échanges bénéfiques à tous, tant pour le donneur d’ordres que pour le sous-traitant, l’Ordre de Paris Ile-de-France lance la plateforme BBusi.com, outil gratuit de mise en relation entre experts que nous vous présentons en détail dans notre dossier cotraitance.
Autre argument : notre profession ressemble à ses clients ! Notre marché est essentiellement composé des 3,2 millions de TPE et de PME et des 1,3 millions d’associations. Qui mieux qu’un expert-comptable chef d’entreprise, indépendant et libéral, proche de leurs préoccupations, pour comprendre leurs problèmes et les accompagner ? La proportion de très petits cabinets, de petits et moyens cabinets, de cabinets de taille intermédiaire et de grands cabinets est conforme à celle des TPE (95%), des PME (4,5%), des ETI (0,2%) et des GE (0,01%) : qui se ressemble s’assemble !
Enfin, et c’est l’essentiel, nous avons fait le choix d’embrasser une profession libérale pour la liberté et l’indépendance qu’elle nous procure. La très grande majorité d’entre nous, experts-comptables indépendants ou associés d’un petit cabinet, n’échangerait pour rien au monde son job qui allie sécurité, liberté, indépendance et rémunération ! Compte tenu de ce contexte et de la révolution numérique en cours qui donne aux plus petits les mêmes outils qu’aux plus grands, je pense qu’il sera de plus en plus facile pour un cabinet individuel de rester seul, sans pour autant être isolé, grâce à la confraternité de notre profession, à l’engagement de nos syndicats et au travail de notre institution.
Bonne lecture.

Laurent Benoudiz – Président de l’Ordre des Experts-Comptables région Paris / Île-de-France