Comme tous les chefs d’entreprise, les experts-comptables peuvent être soumis à un stress chronique. Mais attention, lorsque celui-ci envahit tout, c’est le burnout qui guette ! Un risque que l’Ordre de Paris Ile-de-France et la CRCC de Paris prennent très au sérieux, et en prévention duquel un numéro vert vous est désormais proposé.
Si la santé au travail des salariés fait l’objet de nombreuses lois, il n’en va pas de même pour les travailleurs indépendants et chefs d’entreprise. Pourtant, dans les deux cas, la santé constitue un enjeu majeur pour la survie de l’activité, d’autant plus grand que l’entreprise est petite. Pour Olivier Torrès, fondateur d’Amarok, l’Observatoire de la santé des dirigeants de PME et des entrepreneurs, la santé du dirigeant d’une TPE PME constitue le premier actif immatériel d’une petite entreprise.
En 2015, Opinion Way a réalisé pour Malakoff Médéric une étude dans laquelle 44% des dirigeants d’entreprises déclaraient travailler plus de 50 heures par semaine, et 21% d’entre eux dépasser les 60 heures. Le 4ème baromètre de la forme des dirigeants, réalisé par Opinion Way pour la Fondation MMA (parution le 17 avril 2018) révèle que près de la moitié des entrepreneurs ne parviennent pas à préserver un bon équilibre entre vie professionnelle et personnelle. Le sentiment d’être constamment « sous pression » est ressenti par 1 dirigeant sur 4. Il entraîne de la fatigue (34 %), un sentiment de lassitude (26 %) et des troubles du sommeil (23 %).
En ligne de mire, la crainte du burnout du dirigeant, qui couve sous le temps de travail à rallonge, les nuits écourtées, les problèmes de trésorerie ou encore les relations complexes avec les collaborateurs. Et les experts-comptables, chefs d’entreprises, n’échappent pas à ce risque.
C’est pourquoi l’Ordre de Paris Île-de-France et la CRCC de Paris, sous la houlette de Laurent Arouasse, président de la commission Défense et Assistance Confrères, se sont rapprochés, fin 2017, de l’Observatoire Amarok. Sensibilisé à l’existence de ce phénomène, l’Ordre des experts-comptables de Paris Île-de-France et la CRCC de Paris, ont mis en place un numéro vert : le 0 800 501 201. Gratuit depuis un poste fixe, il est accessible à tous les experts-comptables franciliens inscrits à l’Ordre.

Objectif : aider les experts-comptables à repérer un burnout avant qu’il ne s’installe. Au bout du fil, une psychologue spécialisée en psychologie du travail et des organisations écoute son interlocuteur de façon bienveillante. L’anonymat et la certitude du respect du secret professionnel permettent à l’appelant de parler en toute confiance, et de lever des barrières qui paraissaient inamovibles. Forte de sa formation et de son expérience, la psychologue analyse la situation, et peut ainsi conseiller à son interlocuteur des noms de professionnels (psychologues, sophrologues, psychiatres, etc.) susceptibles de l’aider. En quelques mois, le numéro vert a déjà reçu plusieurs appels.
Laurent Arouasse
président de la commission Défense et Assistance Confrères
Trois questions à…
Laure Chanselme, psychologue du travail et des organisations à l’Observatoire Amarok
Qu’est-ce-que le burn out
C’est un syndrome réactionnel à un stress chronique. Le burn out survient quand quelque chose met l’entreprise en danger. Il peut s’accompagner de différents signes tels que des douleurs aiguës, une sensation intense de fatigue, des difficultés à se concentrer, des erreurs répétées, des problèmes de sommeil, …
Comment en repérer les signes ?
Il faut être attentif aux signaux qu’envoie le corps, notamment lorsque ces signes commencent à être chroniques. L’un des premiers signes concerne le sommeil : avoir des difficultés à dormir, se réveiller plusieurs fois dans la nuit, se réveiller fatigué… Les douleurs aiguës, qui surgissent brutalement, doivent alerter : après examen par un médecin, et en l’absence de problème somatique, il faut s’interroger. Les problèmes gastriques, le mal de dos, les crises d’angoisses, le cœur qui s’emballe ou encore l’irritabilité, la colère, constituent des signes dont il faut tenir compte.
Et comment réagir lorsque le burn out est avéré ?
Lorsque l’on atteint le point de rupture, ce que l’on appelle burn out, le corps ne laisse pas le choix. Il va dire « stop » d’une manière radicale, et cela va obligatoirement engendrer plusieurs mois d’arrêt de travail ; ce qui peut constituer un risque pour la pérennité de l’entreprise. C’est pour cela qu’il est important d’apprendre à décrypter les signaux d’alerte, et à réagir le plus rapidement possible, dès la phase de burn-in (qui précède l’état de burn out). Il faut parler à un spécialiste, accepter de se faire aider : il existe de nombreuses méthodes qui peuvent aider, comme par exemple, les thérapies cognitivo-comportementales, les thérapies brèves, le coaching, la méditation de pleine conscience, la cohérence cardiaque basée sur la respiration… Les chefs d’entreprise ne sont pas des robots. Ils doivent agir avec leur santé comme ils le font pour leur entreprise : en réagissant dès le premier signal d’alerte.